En allant promener... [PV : Sarverus]

Tout heureux de la vie ce matin là, Sarverus avait émergé de la forêt et débouché sur les plaines de bonne heure. Le soleil rayonnait déjà malgré quelques nuages, ce qui plaisait singulièrement au Luxray. Certes, rien ne valait un bon orage, mais quand même ! Quoi de mieux que de se dorer les poils sous les rayons de l'astre du jour ? En marchant, Sarverus observait les alentours avec un sourire léger. Il avait oublié à quel point la vie sauvage pouvait être belle. Des familles se prélassaient sous les premiers rayons sur la gauche, un couple de Galopa apprenaient à leur petit Ponyta comment tenir sur ses pattes. Venait-il de naître ? Wow ! Sarverus se sentit choyé et reluqua le spectacle jusqu'à ce que la famille de chevaux de feu se furent éloignés en galopant. Magique. La journée serait bonne aujourd'hui, il en était sûr.

Du ciel, soudain, descendit une créature. Le pokémon électrique se retourna, comme les autres, afin de le regarder atterrir. La manœuvre sembla douloureuse au possible, mais le Pijako affirma d'une voix féminine qu'elle n'avait pas de mal. Sarverus observa la foule. Alors comme ça on riait et personne ne faisait rien ? Tss. Il s'approcha, attendri par la maladresse et le ton du Pijako et lui donna un coup de museau tout doux pour le remettre sur pattes.

« Tout va bien, boule de plumes ? » fit-il avec un sourire. L'espace d'un instant, il eut peur de l'avoir froissée avec ce surnom, mais ne s'en excusa pas : au pire, elle le réprimanderait, au mieux, elle laisserait couler.

Derechef, le Luxray mira les autres. Ils observaient toujours la scène, à croire qu'ils s'attendaient au dénouement du siècle. Quelle bande de...

« Le spectacle est terminé, merci ! » rugit-il. Plusieurs levèrent les yeux au ciel et presque tous les pokémons plantés en spectateurs tournèrent les talons. Voilà qui était mieux, se dit-il. Pour les curieux, bah. Faudrait faire avec. Dans un geste amusé, il haussa les épaules à sa façon et reposa les yeux sur le Pijako, souriant.

Sarverus lâcha un petit rire. Personne ne l'avait encore appelé 'monsieur' auparavant. Pour le coup, cela lui faisait presque bizarre. Paraissait-il si vieux que ça ? Bon, il était clair qu'en taille, face à elle, il en jetait un peu. Il décrivit un cercle, tournant sur lui-même, et s'assit face à l'oiseau, tout sourire.

« Pas de problèmes. Tu n'as rien de cassé ? »

Mieux valait s'en assurer. Un oiseau à l'aile cassé ne faisait pas long feu sur ce genre d'îles truffées de prédateurs ou d'idiots. Sarverus ne connaissait rien à la guérison naturelle. Comment les pokémons se guérissaient-ils d'eux-même dans la nature ? Il eut une pensée pour tous ces pokémons sauvages qu'ils avaient délaissés, Miyavi, ses pokémons et lui-même, après un bon combat, dans la nature. Étaient-ils morts ? Hm...

Le Luxray émergea de ses pensées et constata que la femelle semblait nerveuse. Il tenta un regard au-delà de ses épaules. Peut-être les pokémons qui s'étaient moqués riaient-ils encore d'elle ? Apparemment, non. La seule poignée de créatures présentes s'occupaient de leur propre petite personne à des mètres de là. Eh bien alors, qu'avait-elle ?

« Qu'est-ce qui t'angoisse comme ça ? » questionna Sarverus.

Il leva les yeux vers le ciel. Peut-être qu'elle était poursuivie, et qu'elle avait décidé d’atterrir pour fuir quelqu'un ou quelque chose ? Elle avait sûrement peur d'être rattrapée et dévorée ou provoquée en combat. Décidément, le félin ne comprendrait jamais comment on pouvait détester l'art des combats, mais bon, c'était son choix, son caractère... À moins qu'il ne soit dans le champ. Là, par contre... Qu'est-ce qui pouvait bien effrayer un oiseau, hm ? Dans un geste presque humain, il porta sa patte sous son menton et réfléchit. Foudre, glace, roche... et naturellement ? Bah, les chats. Oh !

« Héé, mais c'est de moi que tu as peur ! » s'exclama-t-il dans un éclair de génie. « T'inquiètes, j'ai déjà mangé ce matin. » fit-il à la blague, peut-être de mauvais goût. Il fit un clin d'oeil au Pijako, tentative pour la rassurer.

Ce fut plus fort que le félin. Il ne voulait en aucun cas effrayer le petit pokémon davantage, mais la situation était juste... trop marrante. Il éclata d'un rire puissant qui le fit trembler tout entier. Tous crocs déployés, il rit pratiquement aux larmes et s'essuya les yeux du bout de la patte, comme les chats. Il dut attendre un petit moment, attendre que son hilarité se soit dissipée, avant de rassurer le petit oiseau en larmes.

« T'en fais pas. J'ai pas l'habitude de dévorer le premier venu. Encore moins les demoiselles en détresse. » fit-il avec un clin d’œil.

D'accord, c'était un peu beaucoup, pour ainsi dire, mais plus ça allait, et plus il trouvait ça marrant. Enfin, il la trouverait moins drôle si ses rires attireraient l'attention d'un quelconque prédateur, comme du temps où, avec son dresseur, l'entraînement acharné de Sarverus et de ses compères avait entraîné un Malosse sauvage à leur sauter dessus. Les brûlures qu'il avait subi alors n'étaient peut-être qu'un souvenir, mais la sensation horrible semblait lui revenir chaque fois qu'il y pensait trop fort. Saleté de trucs psychologiques ! Décidément, Sarverus n'était pas taillé pour la réflexion, plus pour le combat. Parlant de combat, ça faisait un bout de temps qu'il n'avait pas combattu un réel adversaire... Uh.

Il reporta son attention sur la Pijako. La pauvre. Comment arrivait-elle à survivre dans un tel environnement si ses nerfs lâchaient devant le premier félin ? Une petite idée germa dans la tête de Sarverus.

« Dis moi, petite... Si j'avais voulu t'attaquer, comment te serais-tu défendue ? »

Le félin était plein de curiosité. Comment l'aurait-elle contrecarré en effet ? Se serait-elle enfuie à tire d'ailes, comme il aurait été judicieux de le faire, ou se serait-elle battue comme une guerrière acharnée, comme les braves et les folles ? Sarverus s'étira longuement et se laissa tomber sur le ventre, étendu sur le sol, tête haute. Peut-être qu'ainsi, elle réaliserait qu'il ne lui voulait, effectivement, aucun mal.