Retour à la vie sauvage.

James était parti en mission. Il m’avait confiée à Jessie le temps qu’il mène celle-ci à bien. Cependant, la jeune femme et moi n’avions pas vraiment d’idées pour briser la glace. En fait, la coéquipière de mon dresseur était terriblement crispante, presque autant que mes sœurs… . Et en général, deux têtes de mules ne pouvaient pas entamer une discussion construite sans que cette dernière tourne en dispute. Bref, étant une future reine, j’avais bien assez d’arguments pour lui faire ravaler ces caprices d’enfants gâtée, et puis, je suis un Tutankafer qui parle, quand même, sur une échelle de « créature sublime et rarissime », j’étais sans doute bien au-dessus d’elle.

Je soupirais. James me manquait. Je m’efforçais de ne pas le montrer, mais je comptais les jours passés sans lui…je n’avais même pas assez de mes quatre mains pour comptabiliser ses jours loin de moi.  
J’avais profitée que Jessie soit occupée avec ses histoires de shoping pour m’offrir une petite escapade sur Seikan. Je voulais retrouver l’endroit où le jeune humain et moi avions fait équipe pour la première fois. Rien qu’en me remémorant cet instant, mon cœur de pierre s’emplit de nostalgie.

Cela faisait un moment que j’avais quitté le tunnel qui liait Seikan au monde des humains. J’avais débouchée sur une petite clairière arborée très reposante. Le soleil était à son apogée, une fine brise soufflait sur les herbes hautes, ramenant des effluves de printemps. Cela était vraiment étrange, de retrouver la vie sauvage. Depuis que je vivais avec James et Jessie, je m’étais accoutumée des bruits de la ville : Les voitures roulant à proximité de la maison, les gens qui s’affairaient dans les rues, les sons de la vie urbaine. A présent, je retrouvais la vie en plein-air. Cette « découverte » me remis en question.

« Où est ma vraie place ? » « Où dois-je aller ? »« Que dois-je faire si telles ou telles choses se produisent ? ».

Je me ressaisis bien vite :

- Je suis Hames, Fille d’Amon. Et ma place est aux côtés de mon dresseur. Murmurais-je.
Je continuais de m’enfoncer dans la plaine, sans vraiment prêter attention à ce qui se passait  autours de moi. A force de regarder faire les hommes, j’avais pris une certaine aisance à me déplacer « debout ». Disons qu’en vérité, ma démarche ressemblait plus à celle d’un Simiabraz.
Un bruit ce fit entendre non loin de moi. Je me figeais, prête à dégommer le premier Ratatta venu.

- Je te préviens, qui que tu sois, si tu égratignes mon magnifique sarcophage, je te ferrais manger ta queue ! Grondais-je.

Ouf, ça me rassurais. Malgré ce long moment d'absence sur Seikan, je n'avais pas perdue un gramme de mon caractère de merde.

Le museau plaqué contre le sol, le jeune Psystigri suivait discrètement les traces de son prochain repas. Il avait reconnu l'odeur d'un Rattata, et malgré le fait qu'il n'était pas ici pour chasser, la faim l'avait poussé à suivre cette piste. Il était venu encore une fois chercher une quelconque trace de ses parents dans les plaines, même si il savait pertinemment qu'il ne trouverait rien ou qu'il finirait par être distrait par autre chose. Ce qui était le cas.

Le chaton s'approcha un peu plus de sa proie, se lécha les babines, les griffes sorties. Le rongeur n'était plus qu'à quelques pas de lui. Il ne l'avait pas vu. Il en salivait d'avance. Il roula des épaules, et au moment où il s'apprêtait à bondir, une autre odeur familière vint lui titiller les narines. Il fut tellement surpris sur le coup qu'il en oublia qu'il essayer de masquer sa présence et se releva un peu. Ses pattes firent craquer quelques brindilles et sa tête immergea au-dessus des herbes hautes, alarmant le Rattata qui prit ses jambes à son cou.

Zut...

Il se releva complètement, désormais sur ses deux pattes arrière comme il en avait l'habitude. Maintenant que son dîner s'était enfui, autant aller voir d’où prévenait cette drôle d'odeur qui l'avait interrompu. Il se fia à sa truffe pour en retrouver l'origine, réfléchissant en même temps où il avait bien pu sentir une chose pareil auparavant.

Oh! Le manoir!

Plus aucun doute. Cette odeur avait un rapport avec le vieux manoir dans lequel il avait vu le jour. Ça sentait...
Le spectre.
Un sourire fendit les lèvres du chaton alors que ses pas s’accéléraient. Ce n'était peut-être pas ses parents, mais savoir qu'il y avait un spectre ici le réconfortait. Même si son type devrait plutôt lui donner une attitude inverse face à de tel pokémons, Yūjin avait vécu au milieu des pokémons spectres et ténèbres dès son plus jeune âge, et y était naturellement attaché. Il avait toujours tenu des relations plus amicales avec ces pokémons de la nuit plutôt qu'avec les autres.

- Je te préviens, qui que tu sois, si tu égratignes mon magnifique sarcophage, je te ferrais manger ta queue ! gronda la créature.

Bonjours!

Il avait bondi dans les herbes hautes pour atterrir à côté d'elle, répondant avec un sourire plein de dents et ses grands yeux roses plongés dans les siens.
Ce ne semblait pas être un pokémon du vieux manoir Shiro, mais c'était bien un spectre.
Attendez une minute...
Mais ce pokémon est tout brillant!
D'un coup, le chaton fut pris d'une forte envie de toucher la carapace dorée du pokémon. Mon Dieu, que c'était beau...

Bonjours!

Une petite bête avait bondit à mes côtés. Surprise, je me tournais vers elle, en voyant son sourire fendre ses joues d’un bout à l’autre de son visage, je fis un pas en arrière, les lèvres tordues. En voilà une manière d’entrer en scène. Sur le coup, je me sentis bien ridicule, plantée là, avec ce psystigri qui me dévisageait comme si je venais de la planète X. Nous restions donc un court instant à nous fixer. Ce genre de situations me mettais toujours mal à l’aise, cependant, je n’avais pas lieux de m’inquiéter, le petit pokemon semblait plus intrigué qu’agressif.

C’était étrange, normalement, les pokemon spy ne cherchaient pas à approcher les spectres… à croire que ce jeune-là n’avait pas conscience du danger. Je fus tirée de ma réflexion quand le psystigri approcha sa patte de mon sarcophage. Sans attendre, je laissais échapper un grondement sourd.

- Hé ! Bas les coussinets ! Ronchonnais-je. Seul le sable du désert a le droit d’effleurer mon précieux coffre doré.

Je me mis en garde, je n’avais aucune attention de faire du mal à se petit, mais je ne comptais pas non plus lui laisser le privilège de toucher du doigt la perfection de mon sublime corps.

Je restais silencieuse, observant le pokemon d’un air intrigué. Je réalisais que ce petit mâle était tout seul. Quel genre de parents pouvait-il bien avoir ? Laisser un petit se balader sans surveillance sur des terrains comme celui-ci relevait de l’irresponsabilité voire de l’idiotie. Voyant qu'il ne me lâchait pas des yeux, je fronçais les sourcils, agacée.  

- QUOI?! Tu n'as jamais vu de princesse ou quoi? 

Certes, ma façon d’entreprendre les présentations était un peu brutale mais bon, je pense que Ra me le pardonnera, après tout, je ne lui voulais aucun mal, à ce petit.

Bientôt le Psystigri n'arriva plus à se retenir et approcha ses coussinets du beau sarcophage doré du Tutankafer. Malheureusement, le pokémon spectre ne semblait toujours pas avoir changé d'avis par rapport à son enveloppe. Tant pis. Il replia ses pattes contre son ventre à son grognement, la fixant avec envie tout de même.

- Hé ! Bas les coussinets ! Seul le sable du désert a le droit d’effleurer mon précieux coffre doré.

Il hocha de la tête, ne pouvant plus décoller ses yeux de son sarcophage brillant. Le désert elle avait dit? Il ignorait que des pokémon spectres pouvaient vivre dans de tels endroits. Si elle était bien de Seikan et pas du monde d'en dehors, elle devait sûrement venir de l’île volcanique Kyuukazan. Il en avait entendu parler brièvement, et l'apercevait parfois au loin les rares fois où il s'approchait de la mer. C'est le seul endroit ici contenant un désert, d'après ce qu'il en savait.

Le spectre se mit en garde, pour lui montrer qu'elle ne comptait vraiment pas le laisser poser ses pattes boueuses sur sa carapace luisante. Il finit donc par abandonné tout idée à ce sujet, ce concentrant de nouveau sur le visage du pokémon.

- QUOI?! Tu n'as jamais vu de princesse ou quoi?

Hum, non, dit-il d'une voix fluette. Qu'est-ce que c'est?

Il haussa un sourcil consterné, frottant un peu sa fourrure poussiéreuse pour avoir les pattes occupées.

- Hum, non Qu'est-ce que c'est? Fit le Psystigri.

Bien. Au départ, je pensais que ce chaton se fichait de moi, mais en y pensant, c’est vrai que les pokemon étrangers au Désert ne savaient pas qui était mon père, et, par conséquent, ignoraient tout des grades royaux auxquels nous avions droit chez moi. Dans un sens, je l’enviais ; lui, il pouvait choisir de rester avec un humain sans  se soucier des conséquences de ses actes car personne ne risquerait de remarquer son absence sur l’île, alors que moi, je suis persuadée que le choix de partir avec James se portait garant d’une punition monumentale quand je déciderais de rentrer. Haaa, saleté de pouvoir ! Maudit sang royal !

- C’est…enfin, non, laisses tomber, ça n’est pas important. Soupirais-je. J’avais une grande envie de me refermer. J’avais envie d’être dans le noir, malgré ma claustrophobie, je voulais tant revoir James et père. De toute façon, je n’arrêtais pas de me disputer avec Jessie, de plus, Miaouss n’osait pas m’adresser la parole, de peur que je le recouvre de bandelettes. Putain de rumeurs… .

Ceci était la deuxième raison pour laquelle je n’osais plus me montrer ; à force d’entendre ma « nourrice » dire des grossièretés, j’avais pris l’habitude de jurer sans même m’en rendre compte.  

- Bon, bha, maintenant qu’on en est là…Salut, je m’appelle Hames ! Fis-je sur un ton un peu plus aimable. Et toi, c’est quoi ?

- C’est…enfin, non, laisses tomber, ça n’est pas important.

Le chaton pencha la tête sur le côté, confus par la réponse de la Tutankafer. Tans pis. Elle avait cependant l'air troublée. Il hésita quelques instants à lui demander ce qui n'allait pas mais son temps de réflexion fut trop long, et elle reprit la parole avant qu'il n'ait le temps de se décider. Elle prit une mine un peu plus apaisée avant, ou du moins, elle essaya.

- Bon, bha, maintenant qu’on en est là… Salut, je m’appelle Hames ! Et toi, c’est quoi ?

Yūjin! s'écria-t-il, joyeux. Je suis un Psystigri et je viens du vieux manoir Shiro! Tu connais le manoir Shiro? Parce que tous les spectres que je connais y vivent, mais je n'ai jamais vu de spectre comme toi. Tu es bien un spectre hein? J'ai un très bon flair pour reconnaître ce type de pokémon, mais on ne sait jamais. Une fois j'ai rencontré un Ratentif qui empestait les baies tomato, alors, pourquoi pas un pokémon qui sent comme un autre type?

Et en un tour de main, le Psystigri se mit à déballer une tonne de question et de blabla aussi inutile que ridicule. C'est à peine s'il s'écoutait ou prenait le temps de respirer. Il continua tout de même de jacasser sans s'arrêter.

[c'est très court et en retard... Excuse moi ;-;]

[Pas grave, tu auras juste 1000 coups de fouets ^^ *sort*]

Suite à ma question, le petit chat se mit à blablater une série de phrases à une vitesse telle, que j’en eus du mal à saisir le sens :

Yūjin! Dit-il, enthousiaste. Je suis un Psystigri et je viens du vieux manoir Shiro! Tu connais le manoir Shiro? Parce que tous les spectres que je connais y vivent, mais je n'ai jamais vu de spectre comme toi. Tu es bien un spectre hein? J'ai un très bon flair pour reconnaître ce type de pokémon, mais on ne sait jamais. Une fois j'ai rencontré un Ratentif qui empestait les baies tomato, alors, pourquoi pas un pokémon qui sent comme un autre type?

« Howa howa howa ! Doucement ! On a pas le feu aux miches !» Avais-je envie de lui dire. Mais bon, ce n’était pas si grave, après tout, je le laissais donc finir sa tirade puis, quand il parut à peut-prés essoufflé, lui répondit :

- Hum…Effectivement, je suis un type spectre. Et non, je ne connais pas cet endroit. Moi, je viens du Désert Arano. Et puis…je ne fréquente pas cette région de l’île en temps normal.

C’est alors qu’un éclair illumina mon esprit.

- Attends, tu dis que tu traînes avec des spectres ? Les types psy ne s’aventurent pas trop près de nous pourtant. Tes parents te laissent faire ?

Normalement, les pokemon ne laissent jamais leurs petits s’approcher de nous car ils nous craignent. Cependant, j’avais pour habitude d’être entourée de jeunes Escrocos, de riolu ou d’autres petits pokemon poison et sol. Mais il faut dire qu’entre ici et là-bas, les mentalités étaient différentes. Chez nous, au palais de mon père, les Tutankafer sont considérés comme de vrais demi-dieux car nous avons conservé pas mal d’aptitudes de notre vie humaine. C’est cela qui fait de nous des êtres uniques.

Dans le mille. Le chaton avait deviné juste plus tôt. Le spectre venait bien de l'autre île rattachée à Seikan. Il était tellement fier qu'il se mit à sourire niaisement dans le vide. Mais il fut rapidement ramené à la réalité par une autre question d'Hames.

- Attends, tu dis que tu traînes avec des spectres ? Les types psy ne s’aventurent pas trop près de nous pourtant. Tes parents te laissent faire ?

La petite étincelle d'excitation qui illuminait ses yeux une minute plus tôt s'éteignit et il baissa la tête, riant nerveusement. Pour le coup, il aurait aimé répondre non. Il aurait aimé ne pas être aussi proche des spectres qu'il ne l'était maintenant et retourner en courant à ses parents avant qu'ils ne se rendent compte de son absence et d'avec qui il traînait. Malheureusement, ce n'était pas le cas. Alors il releva la tête lentement, ses yeux parlant presque tout seuls pour lui vu la façon dont ils brillaient. Ce même éclat qui fait briller ses prunelles rosées quand il est au bord des larmes. Mais il s'était promis de rester fort depuis qu'il avait quitté le nid. Qu'il ne pleurerait pas et qu'ils les retrouveraient coûte que coûte, qu'ils soient morts ou vifs. Alors il se mordit un peu le bout de la langue pour remplacer le chagrin par la douleur, juste assez pour retenir ses larmes.

Je n'ai plus de parents, dit-il froidement, avant d’enchaîner un pale sourire.

Il était également inutile de l'inquiéter à ce sujet. Il devait lui montrer qu'il arrivait très bien à se débrouiller sans eux. Qu'il était assez grand pour survivre seul.

Depuis le printemps dernier. Mais même si je suis un pokémon psy, j'ai toujours vécu parmi les spectres. Alors je m'identifie à eux. Je suis comme eux. La preuve, les pokémons du jour me craignent tout comme ils le ferait face à un Fantominus. Et puis, les spectres sont gentils avec moi...

Il eut une breve pensée pour un petit Polichombr avec qui il jouait au manoir. Même si ses parents craignaient les fois où il quittait le nid pour errer dans les couloirs face à tous ces types spectres, ils le laissait. Ce n'est pas comme s'il n'avait pas un peu le profil d'un pokémon spectre. Fourrure terne, de grands yeux inexpressifs... Le fait que les Psystigri et Mistigrix étaient encore rare sur Seikan aidait aussi un peu. Les autres pokémons n'étaient jamais très sur de son type.