La lumière était encore lointaine. Elle ne représentait qu'un point vague dans le champ de vision de Léto, mais elle le faisait avancer. Cette lueur, qui devenait de plus vive à chaque pas, signifiait pour l'Osselait "LeUmOnD" qu'il n'avait jamais connu jusque-là. Léto avait vécu dans son terrier depuis sa naissance.
Au début, il dormait beaucoup et parfois mangeait ce que sa mère lui ramenait. Puis, il demeura de plus en plus éveillé et essaya de suivre sa mère vers le monde. Celle-ci le repoussa fermement au fond du nid, lui interdisant toute sortie parce que "LeUmOnD est DaNgErEuX !". Alors l'Osselait essaya de s'amuser par lui-même mais mis à part des racines et quelques pierres, il s'ennuyait ferme. Il n'y avait tellement rien à faire qu'il se remit à dormir. De la nuit au jour, du jour à la nuit, de telle que sorte qu'il n'y avait plus différence entre ces deux période de la journée, comme si le temps s'était arrêté. C'était le "nour" ! Il en était arrivé à un point où même dormir devenait épuisant. Il fallait à Léto de l'action, quelque chose qui brise l'ennui érigé en mode de vie. Se sentant à présent assez fort pour affronter le monde extérieur, il décida de braver l'interdit pendant maman faisait les courses.
L'obscurité ambiante du terrier laissait place à de la pénombre : la sortie était proche. La lumière fascinait l'Osselait, il n'avait jamais vu quelque chose pareil. Elle était éclatante, une pure blancheur. Elle faisait naître son regard une étincelle de curiosité. Il se demandait ce que c'était au juste. La lumière était à présent à porter de main. Léto allait enfin pouvoir la toucher, la prendre entre ses bras, la porter à sa bouche et en croquer un bout. Il allait enfin découvrir ce qu'était "LeUmOnD" ! Il pressa le pas par excitation gourmande, mais au moment où il voulut l'empoigner, il eut mal aux yeux !
Il rabattit aussitôt ses mains pour se couvrir les yeux en se disant que "LeUmOnD" était vraiment douloureux. Il retrouva l'obscurité intime. Il avait tout de suite moins mal aux yeux les paupières closes (when logic is pure logic). Cela rassura son esprit et il put alors focaliser son attention sur d'autres sensations. Il sentit d'abord cette brise parcourir son corps. Il connaissait la fraîcheur du terrier mais il ne savait pas que l'air pouvait gifler la peau. Puis il sentit la douce senteur de l'herbe, lui qui n'était familiarisé qu'à la forte odeur du terreau. Enfin, il entendit une multitude de sons inconnus, du Pokemons volants dans le ciel aux ruissellements de la rivière. Pris de curiosité, Léto ouvrit les yeux désormais acclimaté à la lumière.
S'offraient alors à lui les Plaines de Seikan : une étendue recouverte d'herbes hautes de part et d'autre de l'horizon parmi laquelle, surgissaient ça et là des îlots de roches. Elle se voyait traversée par une rivière serpentine qui se teintait de reflets verts quand le soleil était à son zénith comme c'était le cas pendant cette sortie. Léto était subjugué devant ce spectacle de liberté dans toute sa nature.